Une garnotte dans l’étang ou Les déboires du Musée populaire de la photo du Québec(Musée de la photographie Desjardins)

Combien d’institutions tombent sous le respirateur artificiel à cause d’une mauvaise gestion, une mauvaise administration, un manque de ressources, ou un manque d’imagination de l’administration ? 

Je tenterai d’être bref. En tant qu’artiste photographe œuvrant dans le milieu depuis plus de 20ans, je déplore grandement la situation qui prévaut à l’heure actuelle dans ce Musée ainsi que le traitement que reçoit ici le 8ième art. 

Quant à la dénomination du Musée, personnellement j’enlèverais désormais le mot “populaire” de l’appellation car la photographie n’a pas à être populaire ou être belle, la photographie expose nos faiblesses, nos lacunes, ce que nous voulons changer ou ce qui change. 

Elle fait grandir une société, un peuple. Elle est le miroir de notre identité collective.

Le défunt musée de la Photographie contemporaine m’avait ouvert l’esprit plus d’une fois lorsque j’étudiais à Ottawa. Serait-il possible d’avoir un Musée avec une sensibilité comparable au Québec?  

Qu’en est-il de la photographie aujourd’hui? En enlevant le superflu, la photographie qui reste, qui perdure dans le temps, qui nous habite, que l’on regarde année après année est la même photographie qu’au début du siècle. La photographie est pérenne parce que les sentiments véhiculés à travers le cadre sont partagés par une grande majorité de la population. 

J'aimerais un Musée qui premièrement, serait reconnu par le gouvernement au même titre que n'importe quel Musée, ce qui lui donnerait accès au financement du ministère de la Culture. Je ne comprends pas pourquoi et comment le gouvernement peut justifier une telle omission...Il est impératif de soutenir ce Musée, ne serait-ce que pour sa collection inestimable d'appareils photographiques!  

ET pour les Gaby, Notman, Antoine, Max, pour Conrad, Armour, Serge, pour Cicot, pour Ernestine, je vous laisse continuer la liste de ceux qui ne sont plus parmi nous, mais il y a encore les vivants..., Gabor, Cadieux, Carrière, Evergon, Beaugrand-Champagne, ...  

Combien de photographes méritent que leur travail soit enfin reconnu ? Ils ont tellement fait pour notre histoire, pour garder en mémoire tous ces sentiments qui définissent notre identité. Ils ont passés leur vie à enrichir notre mémoire collective. 

Décidément, ils avaient plus de volonté que bien des gouvernements. Nous n’avons rien à envier à Doisneau, Bresson, Adams et compagnie, nous avons les nôtres, il s’agit de leur donner la place qui leur revient. 

Le Québec se doit avoir un Musée de la Photographie, point.

Mathieu L’Heureux Roy, photographe 

Gaspé, 5 septembre 2023 

Photo; L'aérogare de Dorval sur l'île de Montréal, 1965, BANQ, Fonds Armour Landry

Photo couverture: William Notman, The "Skating Queen", c. 1855, albumen silver print, 13.9 x 10.1 cm. National Gallery of Canada, Ottawa. Photo: NGC