J'ai rencontré l'artiste verrier Zou Desbiens dans le monde virtuel, mais je voulais en savoir plus sur la technique utilisée, sur le discours... De nos échanges, un dialogue autour de la place que prend la photographie argentique ainsi que le métier d’art du verre dans le monde a émergé.
En discutant de notre collaboration, nous avons isolé notre dénominateur commun, le territoire. Lors de notre première rencontre en personne à Québec, Zou m’a généreusement laissé quelques pièces de verres texturés de ça conception pour expérimenter en chambre noire. C’est à travers ce moment de partage et de découverte qu’une relation sincère et basée sur le désir d’apprendre est née.
Une série sera exposée à la galerie à partir de juin 2023. Vous pouvez voir une partie de la série dans Territoires malléables.
Je vous invite à découvrir le magazine Shots, un magazine photographique publié depuis 1984. Une belle façon de découvrir le travail d'autres artistes, les commissaires sont toujours pertinents, pas beaucoup de pub, une approche minimaliste qui laisse respirer les oeuvres.
La représentation du territoire en photographie change les perceptions, crée des symboles, contextualise aussi bien que contribue à explorer « l’impensé ». La photographie demeure à mi-chemin entre l’art et le constat de réalité. Le territoire est l’espace identifié, il est en voie d’appropriation matérielle ou symbolique par l’humain. L’acte photographique fait appel au constat de réalité par le territoire et crée un paysage qui lui fait appel à l’imaginaire du spectateur. L’espace crée entre ces deux pôles, la réalité et l’imaginaire sont propres à chaque sujet selon ses expériences de vie antérieure. La photographie percute, touche, s’immisce dans la vie des gens par les sentiments ressentis antérieurement. Cette dualité qui est propre à la photographie m’a toujours interpellée.
Lorsque le verre est liquéfié, il prend son territoire de façon aléatoire et il s’adapte aux obstacles sur son chemin tout comme l’humain. À travers la texture du verre, nous évoquons un questionnement de l’emprise humaine sur la matière. Les formes et les textures obtenues avec les interventions de Zou, restent délicates et bizarrement auto-organisées comme le territoire. Malgré les impressions de solidité, le verre reste fragile tout comme l’homme, nous l’avons vécu récemment. Bref, Zou et moi sommes persuadés, que nous sommes à l’aube de l’évolution de cette conscience, de l’importance que nous avons sur le territoire. La naissance de termes tels qu’écoanxiété, éco phobie, dépression verte évoquent d’une certaine façon cette prise de conscience à différents niveaux collectifs. L’être humain ne sait jamais vraiment soucié des incidences de son propre développement sur son territoire. Aujourd’hui avec la population grandissante, le réchauffement climatique, le côté immuable du territoire semble être remis en question.