Il y a quelque temps, j'ai revisité l'oeuvre de Jacques Henri Lartigue, Rivages. J'ai été frappé par la spontanéité, la candeur et la légèreté de ces gens qui vont à la plage où se promener sur les berges. C’est comme si les gens allaient à la plage pour oublier les problèmes quotidiens.
Je songeais à ma propre relation avec l’océan, la plage.
Personnellement, je ne vois pas cette légèreté, en regardant mes photos, comme J-H Lartigue, de mes amis, des rencontres spontanées, des gens qui parcourent le sable et les galets, d’autres sentiments émergents.
Notre relation avec le bord de mer a changé.
Maintenant, nous n'allons plus à la rencontre de l'océan pour les mêmes raisons. Nous sommes plus dans l’introspection, le temps, la détente… Nous avons perdu une part de naïveté au cours du dernier siècle. Nous avons aussi perdu une part d'ignorance...
Nous en avons vécu des choses depuis le premier Rivages de Lartigue; les guerres mondiales, les bombes atomiques, la ségrégation, multiples révolutions, guerre froide, la liste est bien longue.
Cette naïveté, cette candeur, cette ignorance perdues laisse place peut-être à plus de connaissances, plus de responsabilités... Et maintenant, une certaine lourdeur émane des photos. À cet endroit, à la rencontre de l'océan, nous ne pouvons plus avancer, nous pouvons marcher d'un côté comme de l'autre, mais immanquablement nous nous retrouvons face à nos choix, à réfléchir...
La fuite est impossible.
Ce sentiment,cette prise de conscience est palpable en Nouvelle-Zélande, en Australie et en Gaspésie où les photos ont été réalisées.